Classica: Des grands maîtres mis en boîte - OCL 75 ans
Trois coffrets, contemporains ou classiques, qui traverseront le temps.
L’ensemble a priori le plus séduisant est celui consacré à John Williams. Compositeur, il fait bien sûr entendre quelques-unes de ses plus célèbres musiques de film. Il dirige ainsi le Skywalker Symphony Orchestra (!) dans The Star Wars Trilogy, mais le plus souvent, le Boston Pops Orchestra dans les partitions, tout aussi inoubliables, écrites pour Spielberg (Indiana Jones, E.T., Les Dents de la mer, Rencontre du troisième type, La Liste de Schindler, etc.). On pourra découvrir aussi des oeuvres moins connues comme ses concertos, très lyriques, pour violoncelle avec Yo-Yo Ma, et pour basson avec Judith LeClair ou les musiques des Jeux olympiques. Chef d’orchestre, il se penche autant sur les grands thèmes du cinéma (Steiner, Sondheim, Lloyd Webber, Schönberg, Legrand, Jarre, Rota) que sur les classiques américains (Gershwin, Copland, Bernstein comme Sousa-Rodgers, Porter et autres Kern). Réalisations de studio impeccables et prises de son flatteuses. Grand spectacle assuré.
(Sony Classical 88985417792, 20 CD, 1989-2016, HHHH)
À cette défense luxueuse du patrimoine américain répond celle, flamboyante, du répertoire italien par Riccardo Muti à la tête de l’Orchestre philharmonique de La Scala de Milan. Il n’est pas question de grands airs de Verdi ou de Puccini, mais de musique presque exclusivement orchestrale. Ces deux compositeurs apparaissent toutefois par leurs ouvertures et préludes et côtoient des pages méconnues de Martucci (La Chanson des souvenirs avec Mirella Freni), Casella (Paganiniana), Busoni (Suite de Turandot), Ponchielli (Élégie). Le cinéma a aussi sa place, représenté par Nino Rota (Le Parrain, Prova d’orchestra, La Strada, Le Guépard). Styliste hors pair, Muti dirige toujours avec élégance et une intensité un peu sévère, soignant autant l’équilibre des pupitres que la ligne de l’ensemble. La classe !
(Sony Classical 88985465182, 7 CD, 1992-1997, HHHHH)
Le troisième coffret se montre plus hétérogène. Composé à l’occasion des soixante-quinze ans de l’ Orchestre de Chambre de Lausanne, il en retrace l’histoire, dessinée par ses six directeurs musicaux. Pour l’occasion, la Radio Télévision Suisse a puisé dans ses archives de façon à afficher un répertoire varié. Le fondateur, le violoniste Victor Desarzens, aux commandes entre 1942 et 1973, oscille ainsi entre Bach et Malipiero, Mozart et Zbinden. Armin Jordan (de 1973 à 1985) offre, entre autres, de capiteuses Illuinations de Benjamin Britten avec Felicity Lott tandis que Lawrence Foster (de 1985 à 1990) reste fidèle à «son» Enesco qu’il défend depuis toujours. Jesus Lopez-Cobos (de 1985 à 2000) associe Falla (Chansons populaires espagnoles avec Teresa Berganza), Igor Stravinsky (deux Suites pour petit orchestre) et Ravel (Ma mère l’Oye). Avocat convaincu du classicisme, Christian Zacharias (de 2000 à 2013) glisse entre une symphonie de Joseph Haydn et de Franz Schubert le Concerto pour piano n°2 de Schubert: si le ton est souvent grave, le geste ne s’appesantit pas. L’Américain Joshua Weilerstein, violoniste de formation et en poste depuis 2015, semble vouloir offrir une nouvelle impulsion à l’orchestre comme en témoigne une tonique Symphonie n°60 de Haydn et une virevoltante Symphonie n°4 de Ludwig van Beethoven entre lesquelles se déploie La Nuit des chevaux volants de Golijov.
(Claves 50-1711-17, 7 CD, 1950-2016, HHHH)
Source de l'article: Classica Magazine (France), février 2018 par P.M
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