TDG: Bianca Favez, au service d’un violon baroudeur
La musicienne va créer une oeuvre de la compositrice Lera Auerbach, après une saison riche en défis pédagogiques et en concerts
Le violon gît à ses pieds, dans un étui épais, mais ses notes se prolongent sur la table, où Bianca Favez a disposé les partitions d’un trio pour piano de la compositrice contemporaine Lera Auerbach. L’oeuvre n’existe pour l’heure que sur des feuilles A4, sa véritable naissance étant fixée pour demain soir, dans la salle communale de Chêne-Bougeries, en présence de l’auteur. En attendant la grande première, la violoniste dissèque une fois encore certains passages, attablée dans le café où elle nous a donné rendez-vous.
A quoi ressemble cette nouvelle aventure artistique? La musicienne en décrit les grandes lignes d’un ton posé, avec des mots choisis qui disent tout de l’intimité qu’elle a instaurée avec l’oeuvre: «Elle a des sonorités qui rappellent à la fois Arvo Pärt et Chostakovitch. Il y a dans cette pièce beaucoup de contrastes et de couleurs, mais aussi un jeu subtil sur l’épaisseur des sonorités qui m’impressionne.»
Bianca Favez achève ainsi, avec cette création, une saison qui l’a vue une fois encore endosser le costume de baroudeuse. Aux prises avec l’Orchestre des Trois-Chêne, où elle accompagne des musiciens amateurs et adultes d’un coaching intense, active aussi après des jeunes de l’Orchestre du Collège de Genève, quand elle n’est pas sur la scène pour des concerts de toute sorte – du Klezmer au classique – la Genevoise d’adoption n’a pas d’attaches musicales établies.
Ce brouillage des pistes, assumé et revendiqué, est d’ailleurs audible sur le disque qu’elle a gravé en 2013 (Le chant de l’âme, dialogue avec le Ciel), en compagnie de l’organiste Vincent Thévenaz, où l’on croise des oeuvres de Ravel, d’Achron, de Lavry, de Bloch et aussi des improvisations à l’orgue. Une anthologie aux allures de grand écart. «Ce sont des oeuvres que je connaissais déjà en partie lorsque j’ai commencé à réfléchir à ce disque il y a deux ans. D’autres se sont ajoutées au gré de mes expériences et des rencontres. Au final, je crois qu’on trouve là une sorte de miroir de mon univers musical et, en même temps, j’y établis un bilan intermédiaire de ma carrière.»
La violoniste a le goût des horizons mouvants, c’est un fait. De sa terre natale, la Transylvanie, à Paris, où elle a grandi, puis à Genève, où elle s’est établie au début des années 1990, la musicienne s’est frottée à tout. Au répertoire contemporain, dans les rangs de l’ensemble Contrechamps; à celui orchestral de l’OSR, puis ailleurs encore. Ce qui est toujours demeuré immuable? L’amour indéfectible pour l’instrument, qui n’a fait que grandir avec les activités pédagogiques. «En enseignant, j’ai compris que ma pratique du violon, c’est davantage que deux mains posées sur l’instrument. C’est l’engagement de l’ensemble, l’investissement d’un corps.» Rocco Zacheo Bianca Favez, salle communale de Chêne-Bougeries, je 3 à 19 h. Rens. www.laboratoiremusical.ch
Source de l'article: Tribune de Genève, le 02.07.14
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