A donner le frisson
Dans cette oeuvre à la fois achevée et futuriste, Schubert, dit un critique, « a voulu mettre le plus explicitement et impérieusement neuf de son regard ; son attention, au détail d’un mordant près ; sa passion, en tout sens du terme ».
A 30 ans, au bout de sa vie, en proie à des fièvres dévastatrices qui l’emporteront quelques mois plus tard, en rupture de tout, abandonné par sa fiancée, Schubert est devenu l’étrange et l’étranger. Seule lui reste l’urgence d’écrire sa douleur, et sa plume s’épanche tel un fleuve, dont la source nourricière n’est autre que les poèmes de Wilhelm Müller, qui avait aussi été l’auteur du cycle de La Belle meunière.
Dans une Vienne musicale en deuil de Beethoven, tout respire l’errance et la tristesse. Mettant leur art du chant et de l’accompagnement au service de ce destin tragique auquel ils s’identifient intérieurement, Stephan Genz et Michel Dalberto nous en donnent une interprétation d’une rare intensité.
Franz Schubert, Winterreise, le Voyage d’hiver, Stephan Genz, Michel Dalberto, Claves 50-1606
Source de l'article: Jean Borel, Mag-Musique 18.01.16, supplément: EXPRESS-IMPARTIAL et NOUVELLISTE
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