Télérama: Concertos pour violoncelle, disque de la semaine
Lyrisme fougueux ou stridences angoissées : l’orchestre et la violoncelliste nous entraînent dans un double voyage à couper le souffle.
Associer le Concerto pour violoncelle en mi mineur d’Aram Khatchaturian au Concerto n°2 de Krzysztof Penderecki pour le même instrument soliste revient à provoquer une collision des mondes et des époques. Choc auditif garanti ! Le concerto de Khatchatourian, créé le 30 octobre 1946 au Conservatoire de Moscou (par Sviatoslav Knouchevitski, membre du trio Oïstrakh) mais composé bien avant, est une fresque fiévreuse et chamarrée, une irrésistible épopée où affleure constamment le folklore caucasien. On s’y laisse volontiers emporter par le lyrisme du violoncelle soliste et la frénésie orchestrale. Comment comprendre que Khatchatourian ait été accusé peu après, par les autorités soviétiques, et à l’instar de Dmitri Chostakovitch et de Sergueï Prokofiev, d’écrire de la musique « hermétique, formaliste et à dissonances incomprises » ?
Créé en 1982 par Mstislav Rostropovitch, l’unique mouvement du Concerto no 2 de Penderecki s’écoute, lui, en retenant son souffle, l’oreille aux aguets, comme on suivrait un film d’angoisse. Les instruments y sont poussés dans leurs retranchements, le compositeur épluche parfois leur son jusqu’à n’en laisser qu’un squelette, mais ménage aussi des plages où l’orchestre s’épanche, où le violoncelle chante, où tout s’apaise… provisoirement.
Le jeu transformiste d’Astrig Siranossian (sur un violoncelle Ruggieri de 1676) s’adapte avec souplesse aux exigences de chaque concerto : très expressif dans le premier, d’un lyrisme chaleureux et même voluptueux, il se fait plus sèchement expressionniste dans le second, et il impressionne dans tous les cas par son éloquence, sa puissance et sa virtuosité dans les diverses cadences qui lui sont offertes par Khatchatourian et Penderecki.
Le Sinfonia Varsovia lui fournit bien mieux qu’un bel écrin sonore : fougueusement dirigé par le chef polonais Adam Klocek, l’orchestre modèle lui aussi ses élans en fonction des desiderata des compositeurs et du rôle attribué à l’instrument soliste. Ils peuvent ainsi dialoguer, s’affronter, se réconforter l’un l’autre, entamer une course-poursuite éperdue…
Remarquable concertiste, Astrig Siranossian possède aussi une sensibilité chambriste, qu’un autre disque récent permet d’explorer: avec Guillaume Chilemme, Nathanaël Gouin, Marie Chilemme et Emilie Legrand, elle vient en effet d’enregistrer le quintette avec piano en la majeur dit « La Truite » (1).
(1) 1 CD Evidence
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Source de l'article: Télérama, par Sophie Bourdais, le 05.06.18
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