Scènes Magazine: Elektra, la chanteuse touche au sublime - Gwyneth Jones
« Orest ! Orest ! Orest ! Orest ! ». On ne peut aujourd'hui entendre Gwyneth Jones chanter sa complainte sur la scène du Grand-Théâtre de Genève sans être submergé par l'émotion. Habitée par le message straussien qu'elle porte à la perfection, la chanteuse touche au sublime.
Le disque ne pouvait se passer d'un tel document. Depuis qu'Antonin Scherrer, le chroniqueur préféré de ces dames d'Espace2 a pris les rênes des disques Claves, les choses évoluent superbement chez ce producteur. Sans parler des productions d'artistes suisses qui se taillent un joli succès auprès des médias et du public, Claves s'attaque avec bonheur à l'édition de productions lyriques issues de captations des théâtres d'opéra de Suisse romande. Après un remarquable Pelléas et Mélisande de 1969 avec Eric Tappy, Erna Spoorenberg et le Golaud de Gérard Souzay, les archives du Grand-Théâtre de Genève révèlent aujourd'hui une électrisante production d'Elektra de Richard Strauss dont le souvenir reste gravé dans la mémoire des spectateurs qui ont assisté à ce moment d'opéra.
Enthousiasme
Reprenant la production qui avait vu le jour sur cette même scène genevoise en 1986, Hugues Gall recompose un plateau avec, aux côtés de Gwyneth Jones, la formidable créatrice du rôle-titre de la première production, la mythique voix de Leonie Rysanek en Clytemnestre implacable. Elle galvanisera les protagonistes entraînant dans son sillage de terreur une Gwyneth Jones au sommet de son art, sinon de sa forme. Ces deux monstres sacrés de la scène soulèveront l'enthousiasme d'un public captivé par tant d'investissement Scénique.
A l'intensité dramatique et vocale de Gwyneth Jones, de Leonie Rysanek, de la Chrysothémis d'Anne Evans et du magistral Oreste de Wolfgang Schöne répond un Orchestre de la Suisse Romande survolté et magnifique jaillissant de la baguette enflammée de Jeffrey Tate. Rarement telle véhémence n'avait bondi de la scène de Neuve et le disque d'aujourd'hui, grâce à une prise de son impeccable, en restitue chaque instant dans un souvenir encore vivace et merveilleusement insoutenable. Jamais jusqu'ici le studio n'a offert un enregistrement aussi chargé d'émotion et d'intensité dramatique.
Emotion
Comme aux soirs des représentations, l'émotion impose sa crispation intérieure et l'écoute génère les images de la mise en scène d'Andrei Serban dans les décors noirs de Yannis Kokkos. Comme alors, la musique fait revivre le monde d'Electre s'enfonçant vers l'horreur de scènes de Sueur et de sang. Tout est noir, noyé de grandes zones d'ombre d'où n'émerge que la blancheur de la longue chevelure d'Elektra contrastant avec la robe pourpre sang de Clytemnestre. Un disque pour la vie.
Source de l’article : Scènes Magazine, Jacques Schmitt, mars 2006
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5 Diapason
Gwyneth Jones
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Richard Strauss
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