Le Temps: Heinz Holliger, chantre des anciens et des modernes
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A 77 ans, le hautboïste suisse continue de jouer les morceaux de ses compositeurs de prédilection. Il était en concert lundi soir à Genève avec Thomas Zehetmair, Ruth Killius et Daniel Haefliger.
Difficile d’imaginer plus forte personnalité que Heinz Holliger. A 77 ans, le hautboïste suisse continue à défendre ses compositeurs de prédilection. Il joue aussi bien Mozart, Schumann qu’Elliott Carter ou Isang Yun. Il a émancipé le hautbois au XXe siècle, et la plupart des grands compositeurs ont écrit pour lui. En concert lundi soir au Conservatoire de Genève, il jouait les Quatuors pour hautbois et trios à cordes de Yun, Carter et Mozart.
Sa sonorité claire, ciselée, un rien nasale, cinglante dans les attaques, est immédiatement reconnaissable. Convié pour le concert d’ouverture de la saison des Swiss Chamber Concerts, Heinz Holliger était entouré d’excellents musiciens. Le violoniste autrichien Thomas Zehetmair, sa compagne l’altiste Ruth Killius et le violoniste genevois Daniel Haefliger (qui organise les Swiss Chamber Concerts) sont des amis de longue date.
Avant les rudesses de Carter, le public a pu savourer le Quatuor en si bémol majeur de Johann Christian Bach. Cette musique à l’esthétique galante du XVIIIe siècle ose chanter avec décontraction. Holliger varie les nuances, puis redonne du souffle afin de lancer à nouveau la phrase. Le violon de Zehetmair est expressif et tendre, en dialogue avec l’alto chaud de Ruth Killius et la partie de violoncelle rythmée de Daniel Haefliger.
Avec le Quatuor pour hautbois et trio à cordes de Ysang Yun (dédié à Heinz Holliger), on entre dans un tout autre univers. Cette œuvre, la dernière du compositeur coréen avant sa mort survenue en novembre 1995, tisse un dialogue serré entre les instruments. Autant le premier mouvement présente des traits lacérés aux cordes – sorte de conversation dense et fébrile –, autant le mouvement lent crée un climat d’apesanteur avec ses lignes suspendues. On assiste à une sorte de dématérialisation du son, étrange et étonnante. Il y a des effets de glissandi (ascendants et descendants) dans les sons toujours plus haut placés. Le finale retourne à une écriture plus animée, avec des jeux de pizzicati et de trilles.
Pirouettes harmoniques et voix fantomatiques
Le temps d’accorder leurs instruments autrement pour la pièce suivante (alto en scordatura), Thomas Zehetmair et Ruth Killius se mesurent aux Drei Skizzen pour violon et alto de Holliger (2006). La musique, destinée à servir de bis à la Symphonie concertante K.364 de Mozart, se veut ludique. On aime les «Pirouettes harmoniques» comme la «Danse dense» pleine d’énergie. «Cantique à six voix» exige des deux musiciens qu’ils murmurent des lignes de chant tout en jouant. On y trouve des échos de voix fantomatiques, comme [..]
Lire la suite sur le site du Temps.ch.. / Source: Publié mardi 27 septembre par Julian Sykes
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